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09/12/14

Le musée d'une nuit




Presso la Fondation Hippocrène è in corso la mostra "Le musée d'une nuit" ideato da Vincent Honoré  



« Qui nomme la collection ne sait pas de quoi il parle. »
On me demande souvent de définir ou de décrire « la collection ». J'échoue : une collection est un organisme - par essence - innommable. Active, elle échappe à toute définition : chaque oeuvre rentre dans l'ensemble pour inévitablement le décentrer. C'est par ce décentrage constant que se constitue paradoxalement (parfois péniblement) la collection. Inactive, une collection est naturalisée, c'est un groupe d'oeuvres constitué, c'est l'index de ce qu'elle était - une bête empaillée. Une collection est cet organisme qui n'a de cesse de se constituer et de s'échapper. En ce sens, la collection est expérience de la perte davantage que d'accumulation : perte constante de son propre sens, au moins. Quels que soient ses protocoles, ses procédures, ses stratégies, une collection se constitue comme système de désirs et, de fait, comme une histoire plurielle. En tant que son commissaire, mon rôle est d'en être le narrateur, d'en embrasser les failles et d'en articuler le récit.
Or, être invité à montrer la collection David Roberts à la Fondation Hippocrène, c'est être invité à dégager un récit dans l'ancienne agence de Robert Mallet-Stevens construite en 1927, une agence dont ne subsiste que l'image. C'est être invité à constituer un musée temporaire à Paris, un musée impossible, un musée non pas d'objets mais d'histoires. Ce musée temporaire emprunte en partie le titre d'un tableau de René Magritte de 1927 : Le musée d'une nuit (script for leaving traces).
L'exposition de la DRAF à Paris est une exposition conçue comme un récit multiple : celui d'un lieu, d'un architecte, d'une collection, celui d'une perte. Le principe, c'est de la construire comme un jeu, c'est-à-dire de jouer de la machine d'exposition (on emprunte au modernisme et au surréalisme) comme d'un scénario latent et d'éviter la démonstration, de changer le spectateur en témoin s'il n'est pas acteur. C'est de proposer un contexte.