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18/07/13

La mise en abîme


Presso l'antica chiesa di Noirmont la Fondazione dell'abbazia di Bellelay e l'associazione di Nef Noirmont hanno invitato l'artista Romain Crelier che ha realizzato un suggestivo intervento per la mostra Equus Nef.


Comunicato stampa 

Exposition de la Fondation de l’abbatiale de Bellelay du 22 juin au 16  septembre 2013 La Fondation de l’abbatiale de Bellelay a pour but de mettre en valeur le site historique  de l'abbatiale de Bellelay. Elle organise notamment une exposition d'art contemporain  par année en invitant un artiste à concevoir une installation qui entre en dialogue avec  l'architecture baroque du lieu. Cette année, c’est le travail de Romain Crelier qui  habitera le lieu durant trois mois. 

Dans son installation La mise en abîme ce dialogue est  établi par le jeu du reflet. 

Trois récipients circulaires sont assemblés en une forme unique qui s’étend le long de la nef.

Une seconde forme, légèrement plus petite, occupe le chœur. En entrant dans l’abbatiale, on  ne perçoit pas l’installation dans toute son ampleur ; au premier coup d’œil, le dialogue entre  l’architecture et l’espace est à peine visible. Il apparaît cependant peu à peu à deux niveaux. 

D’une part au niveau des dimensions, car le diamètre des différents récipients correspond à  celui des voûtes des chapelles adjacentes. Au niveau de leur contenu d’autre part, car l’espace se reflète dans ces récipients. L’espace de l’abbatiale, en tant que contenant de cette installation, devient ainsi lui-même contenu : une image dans l’image, une mise en abîme. Les récipients sont remplis d’huile de moteur usagée. Cette matière fascine par sa particularité physique de refléter l’espace. La noirceur de ce déchet évoque un abîme insondable et en  expansion. L’abbatiale semble sombrer, avalée par ce gouffre sans fond. La réflexion de  l’espace dans cette surface calme et lisse permet à l’artiste d’ouvrir le spectateur à un autre  niveau de perception. En se déplaçant le long de la ligne ondulée qui délimite la mare d’huile,  il découvre toute la dimension de l’installation. Celle-ci, cependant, pourrait le mener dans  une voie sans issue. Le passage direct au chœur depuis la nef est en effet limité, car  l’installation atteint les escaliers ou encore les piliers, ce qui empêche le visiteur de déambuler  entre les chapelles. Il est contraint de se réorienter dans l’espace et de trouver un autre   chemin.


Les formes simples de l’installation et le reflet de l’espace dans l’huile attirent le spectateur  dans l’œuvre, et placent par conséquent leur relation au premier plan. Ainsi, dans cette  installation, l’interaction entre le spectateur et l’espace est créatrice de sens. Mais elle recèle aussi un certain potentiel de désarroi et peut provoquer un léger vertige. Ce qui étonne en effet  n’est pas seulement le reflet parfaitement net dans l’huile, mais aussi le volume de l’image  réfléchie et la force de l’architecture. Le voile gris qui dans le reflet s’étend des piliers à la  voûte en souligne le caractère monumental.

En hauteur, depuis les galeries, le visiteur découvre la force graphique de cette installation,  qui évoque très nettement les dessins au graphite de Romain Crelier. Depuis 1995, l’artiste  dessine des formes abstraites et simples sur un papier blanc qu’il a préalablement immergé  dans l’huile de moteur. Ces travaux témoignent de son intérêt persistant pour la richesse des  rapports de contrastes entre le noir et le blanc, et pour l’interaction de matériaux aussi banals  que surprenants que sont l’huile usagée et le graphite qui, en tant que lubrifiant solide, est l’un  des composants de l’huile usagée. Instinctivement, Romain Crelier confronte ces matériaux  dans ses dessins afin d’obtenir une densité de noir qui évoque le gouffre, à l’instar de  l’installation La Mise en abîme.

Le jeu est un autre fil rouge dans l’œuvre de Romain Crelier, qu’il s’agisse du jeu avec le  matériau, comme ici l’huile usagée, avec les formes ou encore avec la perception du  spectateur. Ses travaux sont par exemple souvent constitués d’éléments répétés. Le jeu avec la  répétition et la multiplication d’une seule et même forme est une figure de style utilisée dans  l’installation La Mise en abîme. Celle-ci est en effet composée de six modules circulaires,  dont quatre sont identiques et interchangeable. Leur caractère reproductible suggère la  possibilité d’une prolongation infinie de l’installation dans l’espace.


L'artiste

Romain Crelier, né en 1962 à Porrentruy, (JU), vit et travaille à Chevenez, est sculpteur,  dessinateur et graveur. Dans ses travaux il explore entre autre les particularités architecturales  des lieux d’exposition en s’intéressant particulièrement à la relation entre l’espace et le  spectateur. Il travaille avec des matériaux divers tel que le béton, le plomb ou encore l’huile  de vidange. Romain Crelier se forme à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts à Sion (1986-1987)  et ensuite à la Schule für Gestaltung, section sculpture, chez Johannes Burla et Jürg Stäuble à  Bâle.

Marina Porobic
Commissaire de l’exposition