Presso l'antica chiesa di Noirmont la Fondazione dell'abbazia di Bellelay e l'associazione di Nef Noirmont hanno invitato l'artista Romain Crelier che ha realizzato un suggestivo intervento per la mostra Equus Nef.
Comunicato stampa
Exposition de la
Fondation de l’abbatiale de Bellelay du 22 juin au 16 septembre 2013 La
Fondation de l’abbatiale de Bellelay a pour but de mettre en valeur le site
historique de l'abbatiale de Bellelay. Elle organise notamment une
exposition d'art contemporain par année en invitant un artiste à
concevoir une installation qui entre en dialogue avec l'architecture
baroque du lieu. Cette année, c’est le travail de Romain Crelier qui habitera
le lieu durant trois mois.
Dans son installation La mise en abîme ce dialogue
est établi par le jeu du reflet.
Trois récipients
circulaires sont assemblés en une forme unique qui s’étend le long de la nef.
Une seconde
forme, légèrement plus petite, occupe le chœur. En entrant dans l’abbatiale,
on ne perçoit pas l’installation dans toute son ampleur ; au premier coup
d’œil, le dialogue entre l’architecture et l’espace est à peine visible.
Il apparaît cependant peu à peu à deux niveaux.
D’une part au
niveau des dimensions, car le diamètre des différents récipients correspond
à celui des voûtes des chapelles adjacentes. Au niveau de leur contenu
d’autre part, car l’espace se reflète dans ces récipients. L’espace de
l’abbatiale, en tant que contenant de cette installation, devient ainsi
lui-même contenu : une image dans l’image, une mise en abîme. Les récipients
sont remplis d’huile de moteur usagée. Cette matière fascine par sa
particularité physique de refléter l’espace. La noirceur de ce déchet évoque un
abîme insondable et en expansion. L’abbatiale semble sombrer, avalée par
ce gouffre sans fond. La réflexion de l’espace dans cette surface calme
et lisse permet à l’artiste d’ouvrir le spectateur à un autre niveau de
perception. En se déplaçant le long de la ligne ondulée qui délimite la mare
d’huile, il découvre toute la dimension de l’installation. Celle-ci,
cependant, pourrait le mener dans une voie sans issue. Le passage direct
au chœur depuis la nef est en effet limité, car l’installation atteint
les escaliers ou encore les piliers, ce qui empêche le visiteur de
déambuler entre les chapelles. Il est contraint de se réorienter dans
l’espace et de trouver un autre chemin.
Les formes
simples de l’installation et le reflet de l’espace dans l’huile attirent le
spectateur dans l’œuvre, et placent par conséquent leur relation au
premier plan. Ainsi, dans cette installation, l’interaction entre le
spectateur et l’espace est créatrice de sens. Mais elle recèle aussi un certain
potentiel de désarroi et peut provoquer un léger vertige. Ce qui étonne en
effet n’est pas seulement le reflet parfaitement net dans l’huile, mais
aussi le volume de l’image réfléchie et la force de l’architecture. Le
voile gris qui dans le reflet s’étend des piliers à la voûte en souligne
le caractère monumental.
En hauteur,
depuis les galeries, le visiteur découvre la force graphique de cette
installation, qui évoque très nettement les dessins au graphite de Romain
Crelier. Depuis 1995, l’artiste dessine des formes abstraites et simples
sur un papier blanc qu’il a préalablement immergé dans l’huile de moteur.
Ces travaux témoignent de son intérêt persistant pour la richesse des rapports
de contrastes entre le noir et le blanc, et pour l’interaction de matériaux
aussi banals que surprenants que sont l’huile usagée et le graphite qui,
en tant que lubrifiant solide, est l’un des composants de l’huile usagée.
Instinctivement, Romain Crelier confronte ces matériaux dans ses dessins
afin d’obtenir une densité de noir qui évoque le gouffre, à l’instar de l’installation La Mise en abîme.
Le jeu est un
autre fil rouge dans l’œuvre de Romain Crelier, qu’il s’agisse du jeu avec
le matériau, comme ici l’huile usagée, avec les formes ou encore avec la
perception du spectateur. Ses travaux sont par exemple souvent constitués
d’éléments répétés. Le jeu avec la répétition et la multiplication d’une
seule et même forme est une figure de style utilisée dans l’installation
La Mise en abîme. Celle-ci est en effet composée de six modules
circulaires, dont quatre sont identiques et interchangeable. Leur
caractère reproductible suggère la possibilité d’une prolongation infinie
de l’installation dans l’espace.
L'artiste
Romain Crelier,
né en 1962 à Porrentruy, (JU), vit et travaille à Chevenez, est sculpteur,
dessinateur et graveur. Dans ses travaux il explore entre autre les
particularités architecturales des lieux d’exposition en s’intéressant
particulièrement à la relation entre l’espace et le spectateur. Il
travaille avec des matériaux divers tel que le béton, le plomb ou encore
l’huile de vidange. Romain Crelier se forme à l’Ecole Supérieure des
Beaux-Arts à Sion (1986-1987) et ensuite à la Schule für Gestaltung,
section sculpture, chez Johannes Burla et Jürg Stäuble à Bâle.
Marina Porobic
Commissaire de
l’exposition